En franchissant le seuil de l’ex-manufacture des Tabacs de la Belle de Mai (Marseille), on est saisi par ce lieu de croisement architectural, artistique et social. Au loin la Villa des auteurs apparaît. Sorte d’auberge espagnole culturelle, la Marelle) est depuis 2010 un espace convivial d’échange, de rencontre, dédié aux écrivains où chacun trouve ce qui l’intéresse, ce qu’il comprend, en fonction de ses goûts, ses créations, ses convictions. À bord, chacun a son rôle. Mené par un capitaine expérimenté, Pascal Jourdana (directeur), ce dispositif résidentiel à proximité de la Méditerranée ne dévie pas de son cap (penser l’accompagnement des auteurs dans la durée). Grâce à lui, on enjambe les formes littéraires, les frontières culturelles et les bastingages, au long cours.
Un rivage hospitalier : friche industrielle et lieu(x) d’accueil
Structure résidente permanente de la Friche la Belle de Mai, fabrique d’art et de culture (ancienne usine de la Seita, comprenant 70 structures artistiques), la Marelle accueille des auteurs français et étrangers au sein de cette maison de maître surannée dans un quartier populaire et d’un second appartement dans le quartier Longchamp, non loin de la Canebière.
Sur les ruines réhabilitées de la cité industrielle, à la croisée de la « cité inspirée » et de la « cité par projets », mettant en valeur l’adaptabilité et la capacité de passer d’un projet à un autre, l’ancrage territorial de la Villa des auteurs s’inscrit dans la valorisation du patrimoine industriel par la culture, via la reconversion des friches, des initiatives culturelles et la conquête des marges urbaines, comme en attestent les travaux en géographie sur ce sujet.
Dans ce cadre, la création de ce lieu résidentiel induit la constitution d’un tissu de relations avec les publics par le biais d’actions pensées avec des acteurs culturels et des structures locales (associations, établissements scolaires, institutions), par des relations de voisinage, puis, au fil du temps, des projets et de la notoriété acquise, par une expansion régionale (Cannes, Carpentras, Draguignan) ayant pour objectif de mutualiser les savoir-faire culturels implantés sur un territoire et de favoriser la circulation des auteurs.
À cela, s’ajoute depuis 2021 l’ouverture d’un nouveau lieu mis à disposition à La Ciotat (la villa Deroze), une extension consacrée à une résidence pluridisciplinaire valorisant des projets de création (littérature, arts) qui se croisent ou s’hybrident selon la dynamique des arts littéraires.