Les gourmands connaissent bien l’Estaque pour ses Chichi frégi (beignets) et ses panisses.
Mais l’Estaque a aussi attiré de nombreux peintres : Cézanne, Braque, Renoir entres autres ont immortalisé le port et la lumière de l’Estaque. Aujourd’hui encore, ce quartier de Marseille est considéré comme un village à part entière.
A voir, à faire à L’Estaque :
Port de l’Estaque
On pourrait dire que l’Estaque est un village de Marseille qui n’est pas à Marseille ; tout d’abord en raison de l’éloignement géographique du quartier par rapport au centre-ville mais aussi pour l’atmosphère qui y règne.
L’Estaque, en Provençal » Estaco « , veut dire l’attache, celle qui permet d’amarrer les bateaux à un pieu. Leur saint Patron San Peiro l’estaco (Saint Pierre es Liens) est fêté toutes les années, le 1er week end de septembre.
C’est un village au bord de la mer, avec son port de plaisance, ses plages, et ses terrasses de cafés que les marseillais aiment à fréquenter le week-end. Ce petit village est resté longtemps à l’écart, du moins jusqu’en 1900 où la route est arrivée, précédée en 1892 par le tramway à vapeur. Le quartier ne possédait jusqu’alors qu’une seule voie charretière.
Mais l’Estaque, c’est aussi une vie économique sinistrée après l’effondrement de l’activité industrielle (huileries, cimenteries). De nombreux peintres ont été inspirés par ces industries, le paysage rocailleux du village et la lumière méditerranéenne : Renoir, Cezanne, Braque et Dufy ont entres autres séjourné dans ce quartier de Marseille.
Des visites guidées sont organisées par l’office du tourisme.
L’Estaque c’est aussi une diversité de micro-quartiers : L’Estaque Plage situé au bord de la mer, l’Estaque Gare avec sa gare classée monument historique, l’Estaque Riaux où étaient centralisées les usines et les carrières.
Viaduc de l’Estaque
Le début du bouleversement d’un village de pêcheurs.
L’Estaque a été bouleversé au début du XXe avec la construction de la voie ferrée Marseille-Miramas et ses deux viaducs. A partir de 1848, la gare devient un lieu de trafic intense, son architecture « industrielle » est remarquable.
Château Fallet
C’est une belle bastide, dont la terrasse bénéficie d’une vue exceptionnelle sur la mer mais qui est ceinte d’un grand mur et n’est donc visible vraiment que du port ou de la mer.
Elle fut construite au 17ème siècle, constituant alors le manoir des seigneurs de Château-Follet. Puis elle connut selon ses propriétaires successifs des vocations diverses, et devint par exemple au début du 20ème siècle, le grand hôtel de la Falaise (l’établissement à l’époque, est fréquenté par une clientèle de luxe). C’est aujourd’hui une propriété privée servant de résidence d’artistes et bénéficiant du soutien de l’Etat.
Alors, si vous passez devant le 87, chemin de la Nerthe, à l’Estaque, vous pourrez admirer le mur qui entoure le Château Fallet, un témoin historique du rayonnement de l’Estaque. Car cette bastide est fort connue des artistes : alors que Emile Zola s’en était inspiré pour sa nouvelle « Naïs Micoulin », des peintres tels que Braque, Marquet ou Dufy l’ont souvent peint et bien peint !
Et on peut se demander pourquoi tant d’artistes d’ailleurs pour le même lieu ? Ben, pour la petite histoire, il parait qu’au 20ème siècle, le grand Hôtel se transforme en une maison de cure et de repos pour une clientèle plus variée. Et c’est pour distraire ses clients que l’établissement aurait fait alors appel à des peintres qui viennent poser leur chevalet sur la terrasse. Et pour conclure, on peut constater que le site leur inspira des œuvres remarquables !
Jardin de Corbière
Il est situé au bout de l’Estaque, à la sortie de la ville à l’endroit où l’anse de Corbières offre un point de vue exceptionnel sur toute la rade de Marseille, au point que de nombreux peintres de la période impressionniste ont immortalisé ces paysages.
Le site se situe le long de la route du Rove, dominé par les collines du massif du Rove dans lesquelles on rencontre des curiosités architecturales comme un fortin de 1861 ou encore le viaduc ferroviaire de la ligne de la Côte Bleue.
C’est dans cet endroit paradisiaque, bien abrité du Mistral, que la ville a créé en 1987, ce jardin de 22 620 mètres carrés.
Etant donné la topographie étroite des lieux avec des talus escarpés et des falaises et les faibles possibilités d’arrosage, le choix de la municipalité s’est porté sur une végétation naturelle de garrigue assortie d’essences « exotiques » telles que des palmiers, des eucalyptus, des yuccas, des agaves…
Le jardin donne accès aux plages de Corbière ainsi qu’à la base nautique municipale et en été on peut en profiter pour faire un pique nique ombragé après avoir pris un bon bain de mer.
Villa Palestine
A la sortie du village, quand on prend la route du Rove, on peut voir de la route la très surprenante villa dénommée La Palestine.
Elle fait partie de l’inventaire des « folies » qui sont en fait de riches maisons dont l’architecture dévoile la fantaisie de leur propriétaire et marque l’époque de l’explosion de la villégiature, notamment sur le littoral Marseillais.
La « Palestine », villa de style oriental intrigue : maison construite pour Pierre Leclerc, riche maître tailleur de Bourges, amoureux de l’Orient, la villa a été construite au début du XXème siècle et abrite de magnifiques fresques évoquant les pays orientaux… ainsi qu’un patio superbe.
Si vous êtes observateurs, à partir du chemin du Littoral, en se plaçant face à la Villa, vous verrez sur la gauche, une superbe « rocaille » digne des jardins de la Corniche, avec deux atlantes supportant la voute de la grotte… Faites vite car un des atlantes a perdu sa tête ! Il y a deux ans, il l’avait encore … Nous ne pouvons en apercevoir que l’extérieur et les jardins, car il s’agit d’une propriété privée appartenant toujours à la même famille.
La famille Leclerc avait été fascinée par une maquette de maison neo-mauresque exposée à la dernière Exposition Universelle de Paris. C’est donc en 1906 qu’ils font appel à une entreprise locale (les Frères Olive !!) pour réaliser leur « folie » à l’Estaque même. Rappelons que l’Estaque à cette époque, était signalé dans les guides touristiques comme étant un lieu incontournable ! Peut-être la famille Leclerc y était déjà venu en villegiature ? … Mr Leclerc a donc voulu habiter le lieu, ce qui prouve que notre village était connu bien au delà de « nos » frontières marseillaises !
La villa a été ouverte une fois à l’occasion des Journées du Patrimoine en 1991. Devant la déferlante des visiteurs, la famille a paniqué n’étant pas préparée à un tel succès. Ainsi, la villa n’ouvrit plus jamais ses portes …
Vous pouvez désormais dormir à la Villa Palestine (l’occasion de la découvrir !) puisque la propriétaire en a transformé une partie en gîte de vacances !
Place Maleterre
Anciennement Place de l’Eglise de l’Estaque.
L’Eglise y a été construite en 1851 et son clocher a inspiré les quartiers avoisinants.
Sur la place Maleterre, vous pourrez trouver la maison où a séjourné régulièrement Cézanne pendant 12 ans, tant inspiré par la vue qu’il y a trouvé.
Notre-Dame-de-la-Galline
A partir de l’Estaque Gare, en suivant le Chemin de la Nerthe, à la sortie du village, on peut apercevoir encore quelques vestiges des anciennes carrières Lafarge.
Si on continue jusqu’à son terminus, on trouve vers la droite la petite chapelle de Notre Dame de la Galline, édifice du XIe siècle, qui est l’un des plus anciens pèlerinages du terroir marseillais.
Dans ce lieu de dévotion qui pouvait attirer lors de la procession du 8 septembre plus d’un millier de personnes, on y dispensait le seul office en provençal, pour le moins surprenant à l’époque puisque cette langue était interdite par l’Eglise.
Les associations culturelles perpétuent la tradition des grandes fêtes populaires qui s’y sont déroulées (pour tout renseignement sur la date de la fête qui a lieu chaque année mi-septembre, on peut contacter l’association Escolo de la Nerto : 04.91.09.90.87).
Ce lieu tient son nom d’une magnifique sculpture en bois datant du Moyen Age et représentant la vierge portant l’enfant Jésus qui tient dans ses mains une poule.
La poursuite du chemin mène à l’issue, à un charmant petit hameau constitué de quelques habitations dans un des endroits les plus ruraux et sauvages de Marseille (Et oui, çà fait encore partie de la grande ville). On y voit une grande propriété avec des chevaux (de quoi amuser les enfants) et une ferme toujours plus ou moins en activité dont les propriétaires singulièrement s’appellent encore TURC, alors que le nom de cet endroit est ancien car il est mentionné sur les cartes topographiques.
D’où peut bien venir ce nom dans un endroit aussi perdu, d’une lointaine immigration ? Je laisse votre imagination travailler, le lieu s’y prête.
L’endroit vaut le détour : c’est un havre de paix pour les promeneurs et on peut aller jusqu’au bout en voiture.
Mais c’est aussi le départ de nombreux sentiers pour des ballades à pied très faciles d’accès car les chemins, des pistes en fait, sont larges et assez plats.
La ballade en direction du domaine Cossimont, est merveilleuse, on a une vue magnifique sur toute la rade de Marseille.
Si on poursuit un peu, on croise une ancienne ferme en ruine, La Vérune, bordée d’un champ d’oliviers.
C’est un endroit paisible où la vue et la nature nous apporte calme et sérénité.
Bonne promenade.
Les courées de l’Estaque
La construction des courées s »échelonne sur un peu moins d’un siècle (milieu 19°/guerre 14/18). C’est une forme d’habitat très particulier que l’on ne retrouve que dans les cités ouvrières telles que Lille ou Roubaix. Très rare dans le Sud, nous avons à l’Estaque un petit trésor que l’on ignore !
L’installation des tuileries dans les années 1860 puis celle des usines de pyrometallurgie dans les années 1880 voient l’arrivée de nombreux travailleurs principalement venus d’Italie et d’Espagne. Des constructeurs locaux issus de la petite bourgeoisie voyent là l’occasion de réaliser des opérations d’investissement immobilier destinées à la location pour ces nouveaux arrivants aux revenus très modestes.
La courée s’organise autour d’un espace commun : la cour. On y trouve également le « cabinet » commun et l’arrivée d’eau. Cette cour est l’élément fondamental de la courée. Les batiments forment cloture tout autour : les maisons sont mitoyennes, petites, aux cloisons minces. C’est une architecture avant tout fonctionnelle, fondée sur un principe d’économie. Il existe une proximité visuelle et sonore entre les voisins et il se developpe donc un art de vivre spécifique que l’on peut regretter : échange de services entre voisins, surveillance réciproque en cas d’absence, arrosage des fleurs. Ici, l’entraide était un principe de vie. Une mémé estaquéenne interrogée nous dit : « Ici, on n’est ni chez l’un, ni chez l’autre … on est ENSEMBLE. » … C’est touchant.
Il y a plusieurs courées à l’Estaque, il faut les identifier car ce sont aujourd’hui souvent des voies sans issues, des impasses : la plus vieille courée est celle des Oursins, elle date de 1863.
Les tuileries de l’Estaque
Le paysage actuel ne revele pas que l’Estaque a été un grand producteur de tuiles et briques exportées dans le monde entier des années 1880 jusque dans les années 1960… Il ne reste pas de traces si ce n’est des rues portant le nom d’anciens exploitants ou faisant référence à l’activité : les allées « Sacoman » … la fontaine « aux tuiles » …
Cette activité était concentrée sur un territoire assez restreint à l’Est du village. Il s’agissait là d’un territoire peu construit et à l’écart de la grande ville, idéal pour une activité extractive. Le gisement d’argile était exceptionnel tant par sa qualité que par sa quantité.
Les tuileries employaient beaucoup de monde : les hommes travaillaient au « creux » pour extraire l’argile, à la presse ou au four ou chargeaient les charrettes qui apportaient les tuiles aux tartanes, sur le port. Les femmes travaillaient dans les étages des tuileries où l’on faisait sécher les tuiles au dessus de l’air chaud du four qui se trouvait donc au rez-de-chaussée. A l’origine, la tuile canal était moulée sur la cuisse de nos chères aïeules. Le contremaitre était choisi pour sa parfaite connaissance des vents : seul homme habilité à monter aux étages pour régler l’ouverture et la fermeture des fenêtres en fonction de l’intensité des vents et du degré d’avancement du séchage des tuiles.
Les tuileries fabriquaient également des « produits fins » : décorations en argile très rouge que l’on retrouve sur les toits, faitières, acrotères … On en voit encore quelques unes mais cela devient rare car les antiquaires s’y intéressent depuis peu …
Il existait cent-cinquante tuileries sous le Second-Empire et elles ont largement contribué à la prospérité de Marseille. Les navires sortant du port ont longtemps été lestés de tuiles qui représentaient de loin le plus fort tonnage de produits marseillais exportés. Ces tuiles ont protégé d’innombrables toitures aux quatre coins du monde et ont très largement contribué aussi à la renommée de la ville. La production en 1910-1911 a atteint 345 000 tonnes !
Les tartanes malonnières
La tartane était le bateau le plus répandu sur la côte méditerrannéenne. Les tartanes de l’Estaque étaient dites « malonnières » car leur lest permanent était composé de terres cuites appelées « malons ».
C’était un bateau de charge à fond plat avec une immense voile et d’une longueur comprise entre 10 et 20 mètres. On utilisait ces tartanes pour embarquer les tuiles vers les cargos qui attendaient à la Joliette. La tartane se plaçait le long du cargo et le déchargement des 7 000 tuiles se faisait à la chaine, de mains en mains … les tuiles étant très rapeuses et passées 5 par 5, on peut imaginer à quel point c’était un dur métier. D’autant que l’équipage était restreint : 3 hommes au maximum payés au voyage.
C’était le moyen le plus rapide d’acheminer les tuiles vers le port de Marseille car il n’y avait pas encore de route littorale. Elles ont navigué à la voile jusqu’en 1905 puis ont été remorquées en convois avec un seul homme à bord par un bateau à vapeur. Peu à peu elles ont disparu à l’aube des années 30 … Il en restait encore une dans les années 70 à l’Estaque mais elle ne naviguait plus, triste symbole d’un temps révolu.
La Carrière Lafarge… et la « Coloniale »
De grands arcs visibles à partir de la digue du port dominent le quartier des Riaux … Derrière ces vestiges de « la Coloniale » (1913) se trouve la carrière Lafarge, exploitée depuis une trentaine d’année.
Il s’agit de la dernière usine de l’Estaque encore en activité. Dans la carrière Galland, le calcaire est extrait et acheminé vers la criblerie sous laquelle les silos sont placés. Les camions viennent charger directement au silo pour acheminer dans la region proche les granulats. Le site est composé de la carriere, zone d’extraction, puis de la partie traitement.
- La Carriere
Elle est à ciel ouvert. Aucune installation permanente n’apparait : pas de constructions, pas d’électricité car le site est en constante mutation. Des camions arrosent regulierement les chemins d’accès pour contenir la poussiere. Ici, on procede à deux tirs de mine par semaine, puis la foreuse attaque la pierre qui est acheminée par les chargeuses.
- La partie traitement
Les granulats sont deversés dans un premier concasseur, puis un deuxieme etc … puis grace aux bandes transporteuses, ils parviennent jusqu’au tamis situé dans la criblerie au dessus des silos pouvant accueillir chacun jusqu’à 1000 tonnes de granulats !
La pierre que l’on a extraite ici a été utlisée pour la construction de la fameuse Tour CMA/CGM, notamment pour les travaux de terrassement.
Rappelons que les carrières de granulats sont souvent implantées au plus près des villes tout simplement parce que les villes sont de grandes consommatrices : le granulat est le deuxième matériau le plus utilisé après … l’eau !!
=> genie civil, terrasssements, goudron pour les rues etc …D’autre part, la partie transport est la plus couteuse dans ce domaine et cela explique que les carrieres ne travaillent que dans un perimetre restreint allant jusqu’à 30 kilometres pour la Carrière Lafarge. Cette carriere ne defigure absolument pas le paysage et il faut saluer le respect avec lequel elle exploite le lieu : respect pour la nature (le site est remblayé puis reboisé ) et respect pour les habitants ( des rendez-vous, des consultations regulieres, des « portes ouvertes »).
Nous ne pouvons quitter le site sans évoquer les vestiges de « La Coloniale », le nom de la premiere société exploitant le site dès 1913, n’existant plus depuis bien longtemps mais qui fait partie du vocabulaire du vrai estaquéen ! Demandez « la Coloniale » si vous cherchez votre chemin ! En montant le chemin de la Nerthe, on aperçoit de superbes arcades qui en réalité soutenaient les rails transportant les wagonnets … Ces vestiges sont poignants et marquent à la fois le paysage et le voyageur qui se perd sur les hauteurs !
Na manquez pas cette balade absolument dépaysante …. mais attention, la carrière est fermée au public.
Le Chaudron
Jusqu’au début du XIXe siècle le petit village de l’Estaque est centré autour de la pêche.
Mais l’essor industriel des tuileries permettra à une trentaine de tartanes de vivre du transport de marchandises.
Et c’est grâce à ses activités tournées vers la mer et vers la pêche qu’a existé Le Chaudron, qui date du 19e siècle, et qui fut le dernier lieu authentique où les pêcheurs teignaient leurs filets de pêche : les locaux sont aujourd’hui occupés par l’association Voile Impulsion !
Pour les chanceux qui pourraient entrer dans cet ancien atelier de teinture des filets classé aux monuments historiques (inscription par arrêté du 19 mai 1998), à l’intérieur, on y voit encore les anciennes cuves à bouillir le tanin.